Zone archives : La conférence de presse d'Agassi à Wimbledon 2006

Cela devait arriver un jour. Et c'est arrivé le samedi 24 juin 2006 à Wimbledon. Lors d'une conférence de presse, André a annoncé à la surprise générale qu'il arrêterait après le prochain US Open… La nouvelle a été largement relayée dans tous les médias français. Voici l'article de L'Équipe datée du dimanche 25 juin 2006.

C'était hier à Wimbledon. Une conférence de presse d'avant tournoi, parmi tant d'autres. Premier sur la liste des intervenants du jour, André Agassi fait face à une vingtaine de journalistes. Soudain, dès la première question, dès la première réponse, l'Américain annonce : "J'ai fait beaucoup de sacrifices ces derniers mois pour être capable de revenir ici et d'apprécier ce tournoi pour la dernière fois… Ce Wimbledon sera mon dernier, et l'US Open sera mon dernier tournoi. A trente-six ans, après plusieurs années de combat pour repousser l'échéance, André Agassi a finalement fixé le terme d'une carrière qui aura duré plus de vingt ans.

Question : Avez-vous pris votre décision ces dernières semaines ?

ANDRE AGASSI : Non, ces derniers mois. J'y ai réfléchi longtemps. L'an dernier, après l'US Open, j'avais pas mal de raisons d'espérer connaître une autre année de succès mais, pour des tas de raisons, ça n'a pas été le cas. Je me suis même demandé si je serais capable de revenir ici. J'ai attendu jusqu'à maintenant parce qu'il était juste de le dire là où tout avait commencé pour moi. Je voulais être sûr d'avoir pris les bonnes décisions pour être capable de rejouer ici, et j'espère que ça tiendra tout l'été.

Q : Pensez-vous être capable de faire des dégâts dans le tableau ?

AA : Je me déclare prêt à jouer, et si je peux passer un ou deux tours et planter mes dents dans le tournoi, alors j'espère pouvoir causer des soucis aux gros bras.

Q : Quels ont été les facteurs essentiels de votre décision ?

AA : Attention, j'ai encore bien des combats jusqu'à l'US Open. Je vais jouer tout l'été. Quatre tournois sont au programme, si je peux. Beaucoup de facteurs étaient en jeu. J'ai fait ce métier depuis plus de vingt ans. Sur le court, je veux sentir que j'ai raison d'être là, physiquement et mentalement.

Q : Alors, comment vous êtes-vous décidé ?

AA : Probablement de la même manière que vous avez pris les grandes décisions de votre vie : vous marier, avoir un enfant. Les décisions qui changent le cours d'une vie sont importantes, mais, heureusement, elles sont claires.

Q : En avez-vous parlé en famille ?

AA : Ce choix ne concerne pas que moi. J'en ai donc discuté avec tous ceux qu'il affectera. Je dois être sûr que je fais ce qui est le mieux pour les gens qui comptent pour moi. J'ai fait face à de nombreux défis. J'ai vécu vingt, vingt-et-un ans de souvenirs incroyables. Au bout du compte, j'ai grandi pour devenir la personne que je suis. Je vais continuer à tenter de montrer combien j'ai apprécié ces années. J'espère que vous continuerez à être fiers de moi.
Assis à cet endroit même il y a quatorze ans, je disais que je n'aurais jamais rêvé mieux, même si ma carrière s'arrêtait sur l'instant. Non, je n'aurais jamais rêvé de gagner ce tournoi… Et c'était il y a quatorze ans !

Q : A l'époque, vous regrettiez de ne pas avoir tiré le meilleur parti de votre potentiel. Et maintenant ?

AA : J'ai encore un peu de travail pour l'été ! Quelques autres rêves à concrétiser… Mais le jour où j'ai gagné à Paris, j'ai su que je n'aurais plus jamais de regrets sur ma carrière. Avoir été capable de commencer l'aventure ici et l'avoir poursuivie à l'US Open, en Australie et à Paris, c'est plus que ce que j'ai jamais espéré.

Q : Est-ce que Steffi Graf vous a aidé à prendre votre décision ?

AA : Cela n'a pas été si dramatique. Le choix était clair. Décider de revenir ici n'était pas aussi facile. J'ai sacrifié la saison sur terre dans l'espoir d'être capable de le faire et de finir à la maison, chez moi à New York. Ensuite, je penserai à mon avenir.

Q : Pensez-vous que votre corps tiendra tout l'été ?

AA : Oh, je lui ai longuement parlé ! Je pense qu'il obéira.

Q : Qu'est-ce qui vous manquera le plus quand vous partirez ?

AA : Les gens, je pense. De nombreux collègues, les nombreux amis que je me suis faits et nombre d'entre vous.

Q : Quels souvenirs gardez-vous de votre titre ici, en 1992 ?

AA : C'était il y a quatorze ans et j'ai l'impression que c'était hier. Un peu comme quand votre enfant entre à l'université et que vous vous demandez où sont passées toutes ces années.

Q : Savez-vous ce que vous ferez après le tennis ?

AA : Non, je n'ai pas étudié la chose avec impatience. Je connais deux enfants qui vont occuper beaucoup de mon temps.

Q : Qu'est-ce qui vous a poussé à faire cette déclaration aujourd'hui ? L'idée d'avoir deux mois de tournée d'adieu ?

AA : J'avais simplement promis de vous faire part de ma décision le jour où je l'aurais prise. J'espère qu'il me reste quelque chose à mettre sur le tapis ici. Je suis impatient d'essayer. J'espère pouvoir mordre dans les tournois qui me restent.

Q : Vous pourriez disputer votre dernier match ici contre Rafael Nadal, au troisième tour. Ce serait un peu le passage de témoin aux jeunes ?

AA : Cela pourrait arriver. Nadal est très bon pour le jeu. Ce défi me stimule.

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