André annonce son forfait quelques heures avant d'entrer sur le court. Il fait le point sur là où il en est et ses projets pour la suite de sa carrière…
AA : Oui, vous savez, c'est maintenant la même histoire
depuis quelque temps. Quelques bons jours suivis d'une série
de mauvais jours. Inutile de dire que c'est frustrant, mais aussi
fatigant, tout ce processus d'essayer de me pousser pour être
prêt pour quelques tournois cette année. Ce n'est
pas une bonne chose. Je n'ai pas beaucoup joué en fin
d'année dernière à cause de ma cheville
et quand je me suis sorti de ce pétrin cette année,
j'ai continué à me pousser et à travailler
car c'est ce que je veux faire. Vous savez, j'aime ce jeu et
je veux essayer d'y jouer.
Mais là, ce sont trop de petits contretemps. Je ne veux
pas seulement jouer, je veux gagner. Là, je ne suis vraiment
pas en position pour cela, donc ce n'est pas juste de jouer,
ni pour moi, ni pour les fans de tennis. Je fais le choix d'essayer
de me remettre physiquement, de continuer de travailler et de
regarder le calendrier afin de voir quelle sera la suite.
Mais à l'heure actuelle, je ne suis pas en position d'être
sur le court. Je suis loin d'être à 100%.
AA : Et bien, ça dépend de quel jour on parle
pour être honnête.
C'est difficile car l'intensité de la douleur varie selon
les jours, mais plus spécifiquement j'ai des problèmes
pour les rotations, ce qui a pour partie affecté ma frappe
de balle et quelques autres aspects essentiels pour moi.
Par moment, j'ai pu entr'apercevoir un niveau de tennis qui me
donne des chances d'être compétitif face à tous
ces gars, mais ces éclairs étaient suivis de journées
plus laborieuses. Vous savez, je peux peut-être réussir
un bon match, mais ce n'est pas assez pour moi.
AA : Ecoutez, je ne suis en rien opposé à tout
ce qui peut m'aider à faire ce que j'aime. J'aime ce jeu,
vous savez. J'ignore dans quelle mesure cela sera possible pour
moi. En ce moment, cela me paraît plutôt sombre.
Mais je suis de nature optimiste et je croirai que je peux encore
vivre de grands moments sur le court. Je veux dire que lorsque
mon corps sera remis, j'aurai toujours ça en moi. J'y
crois.
Mais je vais devoir espérer pour cela. Et c'est ce que
je vais faire.
AA : La terre battue était certainement la première
chose que je devais mettre de côté, étant
donné ce que cette surface peut me donner en comparaison
de ce qu'elle exige de moi. Ce fut une décision assez
claire pour moi cette année. J'ai pu négocier les
matchs sur dur ces quatre dernières années, c'est-à-dire
depuis que j'ai rencontré mes premiers problèmes
physiques.
Mais j'ai attaqué cette année très en deçà,
tant au niveau de mes déplacements que de mes exigences.
Je me suis lancé avec ardeur et désir, mais c'était
trop et trop tôt. Je pense que j'ai continué de
travailler à des moments où je n'aurais peut-être
pas dû. Ce fut probablement une série de mauvaises
décisions combinée avec un problème d'usure
grandissante.
Donc, je vais tenter de contrôler tout ça, dans
la mesure du possible. Essayer de prendre les bonnes décisions
et ne pas jouer si je ne suis pas à 100%, ce qui est actuellement
le cas. Ce sont trop de jours difficiles pour finalement obtenir
un seul bon jour.
AA : Oui, et rétrospectivement, toute cette année
j'ai pris mes désirs pour des réalités.
Avoir des jours, parfois deux à la suite, parfois même
trois, où je parviens à m'entraîner et à jouer, ça
me donne l'espoir de gagner. Puis, le lendemain et les jours
suivants se révèlent plus qu'ordinaires.
Et je ne sais jamais quand cela va venir ou non, ce qui fait
que c'est très difficile à prévoir. Il faut
que j'arrête là l'hémoragie. Ce n'est pas
facile pour moi de faire tant attention et de me retrouver à la
fois frustré et loin de mon niveau. Ce n'est pas agréable.
AA : Je le veux vraiment, vous savez. Je le veux. Je compte
rejouer. J'en ai l'espoir. Je suis optimiste pour cela. Mais
il faut appeler un chat un chat. Est-il possible que je ne puisse
plus rejouer ? C'est clairement possible.
Mais je continuerai de travailler afin de me mettre en position
pour bien jouer, et je pense que c'est toujours possible si mon
corps répond présent. Seul le temps nous le dira.
AA : Oui, c'est difficile. Il est temps d'être honnête
sur là où j'en suis. Je veux dire que c'est fatigant
de parler de vos problèmes. Alors vous essayez de les
minimiser afin de continuer. Mais je suis parvenu à un
point où je ne peux fermer les yeux sur mes limites actuelles.
Je ne veux pas seulement jouer, je veux gagner. Je ne peux le
nier.
Je me suis montré un peu entêté sur ce sujet
au cours des quatre dernières années, mais je pense
que chaque mois, la problèmatique change. J'espère
que les décisions que je vais prendre ces prochains mois
me permettront d'être bien physiquement. Alors, tout le
reste peut suivre.
AA : Vous savez, j'ai connu à plusieurs reprises des
périodes où je n'étais pas à mon
meilleur niveau. Plusieurs fois, j'ai eu des problèmes
physiques, j'ai eu besoin de chirurgie ou d'autres contrariétés.
Ce fut encore une période décevante où je
me retrouve 140ème mondial. Donc, je sais ce de quoi il
retourne et je veux régler ce problème, j'ai l'intention
de le faire. Mais je n'ai jamais eu 36 ans avant, donc les circonstances
sont différentes.
Mais je peux vous promettre que c'est toujours important pour
moi. Et je peux vous promettre que je vais respecter ce sport
et ses fans en ne me présentant pas si je n'ai pas mes
chances.
AA : C'est toujours une motivation pour moi. Ecoutez, j'ai amené ma
famille ici ainsi que mon coach et sa famille. On a travaillé dur
tous les jours et la raison pour laquelle j'ai fait ça,
c'est que c'est important pour moi. Wimbledon l'est davantage
encore en raison de tout ce que ce tournoi représente.
Mais, en même temps, il me faudra être réaliste
quand viendra le moment de décider de ma participation
là-bas. Cela reste pour moi une motivation.
AA : Je n'ai pas vraiment envisagé de me faire opérer.
J'ignore d'ailleurs quelles seraient alors mes chances. Et j'ignore
si je choisirais cette option.
Mais je n'ai jamais laissé mon dos se reposer. Lorsque
j'ai eu des problèmes de ligaments à la cheville
l'automne dernier, je n'ai pas beaucoup bougé. Vous êtes
alors dans l'illusion que ça va, vous vous sentez bien.
Ensuite, lorsque ça va mieux et que vous démarrez
la saison tambour battant, c'est un choc pour votre organisme.
Je vais devoir voir si un simple repos peut me permettre de continuer
de jouer au tennis et me définir un calendrier plus réaliste.
C'est un processus difficilé. Je sais que ce ne sera pas
facile. Mais en même temps, ma famille me soutient et j'aime
jouer. Je ne me sens pas tiraillé, mais je ne sais pas
où tout ça va me mener.
AA : Non, non, c'est une chose avec laquelle je dois faire depuis
quatre saisons maintenant. Vous pourriez probablement revisionner
la cassette de la cérémonie et vous me verriez,
tandis que je me refroidis, tenir sur une seule jambe et commencer à m'appuyer.
J'ai presque mis mon bras autour de Roger vous savez. Cela faisait
deux mois, deux mois et demi depuis mon injection.
Mais la blessure à la cheville ne m'a pas permis de me
reposer. J'ai tout de même tenté de jouer à Shanghaï,
mais quand je m'y suis remis, ce fut trop soudain. Il y a eu
de ma part trop d'urgence à vouloir jouer sur dur en janvier,
d'être prêt aussi tôt que possible et cela
va prendre du temps.
Mais, vous savez, pour moi, ce n'est pas une question de classement.
Ce n'est pas une question d'être là à tout
prix. J'aime jouer au tennis, mais seulement si je peux gagner.
C'est ça qui est amusant. L'amusement, c'est la compétition,
le défi. Si je sens que je ne parviens plus à être
fidèle à cette idée, ce n'est pas juste
pour moi de continuer de jouer après 20 ans de carrière
et ce n'est pas juste vis-à-vis des fans de ce sport.
Cela s'arrête là.
AA : Difficile de deviner laquelle va durer le plus longtemps.
De plus, je me ressens de spasmes qui restreignent mes rotations.
En conséquence, je ne frappe pas la balle aussi proprement
que j'en ai l'habitude. Sur le court, je n'ai peut-être
pas grand chose, mais j'ai ma frappe de balle. Lorsque celle-ci
se trouve compromise, cela devient un vrai problème.
Donc, les injections peuvent m'aider pendant un temps. Je suis
restreint quant à la fréquence à laquelle
je peux les subir. Vous savez, c'est le dernier tournoi avant
le début de la terre battue et je ne suis pas à 100%.
Donc, je n'aurai pas d'injection.
AA : De quelles critiques parlez-vous ?
AA : Quel est le second problème ?
AA : C'est une critique qu'ont reçue de nombreux tournois à différentes époques. Ecoutez, je n'étais pas au courant de cela et ne le suis toujours pas, donc…
AA : Si je la ressens sur le court, je la ressens aussi en dehors.
Ma femme peut porter les enfants plus longtemps que moi (sourire).
Mais je pense que c'est le cas pour la plupart des femmes.
Mais je lutte. Je lutte lorsque je dois rester debout trop longtemps. ça,
c'est lorsque ça ne va pas sur le court. Mais dans la
vie quotidienne, ça va tant que je ne force pas.
AA : Vous savez, ils vous disent tous la même chose : des étirements à faire. Mais j'ai ce qu'ils appellent un spondylolisthesis, c'est-à-dire qu'un vertèble a bougé, ce qui limite mes mouvements. Cela combiné avec un problème discal, il ne reste pas beaucoup de place. Ma situation est donc délicate.
AA : Oui, j'ai pris quelques mauvaises décisions parce que je veux jouer. J'essaye de faire les choses bien, de me sentir bien et de faire ce que je fais depuis si longtemps. C'est ma grande faute.
AA : J'ai essayé jusqu'à hier. Vous savez, l'entraînement, la manière dont je me suis senti plus tard dans la soirée et mes possibilités réelles d'être performant ici, ce fut assez clair. Ce furent deux bons jours suivis de trois jours très difficiles.
AA : Je pense que Patrick l'a fait pour moi, donc je ne lui en veux pas (sourire).
AA : Oui, ma rotation était vraiment limitée. Mon dos avait des spasmes. J'ai pris des relaxants pour les muscles, des anti-inflammatoires, ce qui est devenu très banal pour moi ces derniers temps. Ma rotation était un vrai problème. De même que ma frappe de balle et mon déplacement. Cela gagne votre esprit. Vous savez que vous n'êtes pas heureux, ce qui ne devrait pas être le cas.
AA : Oui, j'ai toujours aimé jouer ici. La seule chose
que j'aime autant que Miami, c'est ce tournoi. Ce sont des endroits
très agréables, j'en ai beaucoup de souvenirs,
beaucoup de grands matchs. C'est certainement l'une des meilleures
enceintes pour moi pour être à mon meilleur niveau.
Mais c'est décevant. Vingt années consécutives à ce
tournoi, ça aurait été bien. Mais ça
n'en vaut pas la peine si je ne suis pas au top.
AA : Je ne sais pas. Je ne sais pas. Je vais retourner à la case départ avec des docteurs et des programmes afin de voir comment je vais pouvoir remonter la pente dans les prochains mois et de juger si je peux progresser suffisamment pour continuer de faire ce que j'aime. Je serai ouvert et honnête quant à tout ce processus car je n'ai pas beaucoup d'autres choix que de regarder tout cela objectivement.
AA : (Sourire) Je ne sais pas. Ce serait de la spéculation.
AA : Je n'ai connu que le tennis dans ma vie, donc pensait à ma vie sans le tennis demande quelques ajustements. Je n'en suis pas encore là.
© Jean-Matt - 1999-2009 - [ Plan du site ] - [ Livre d'or ] - [ Contact ]